Aux USA, le combat pour la légalisation du cannabis a suscité de nombreuses controverses, les obstacles sont nombreux, et chacun des deux camps (les pros et les antis) semble prêt à continuer pendant longtemps encore. Découvre dans cet article l’historique de la croisade pour l’acceptation du cannabis.
Que l’on soit pour ou contre la décriminalisation du cannabis, il faut admettre que les hauts et les bas, les progrès et les échecs des deux côtés de cette croisade sans fin, sont ahurissants. Rester à jour avec les lois les plus récentes, les nouveaux développements et les opinions peut être une source de confusion, au mieux. Aucun camp n’étant prêt à céder de sitôt, il semble que la controverse soit destinée à se poursuivre jusqu’à la nuit des temps.
Quel est le sujet du débat?
Depuis l’Oregon en 1973, certains États américains ont commencé à libéraliser les lois sur le cannabis à travers la décriminalisation et la légalisation de la consommation récréative et non récréative. Depuis, le dicton « un pas en avant, deux pas en arrière » n’a jamais été plus vrai. (Cependant, il semble que les partisans du « pas en avant » gagnent sur ceux du « pas en arrière » !) Les deux parties ayant des opinions affirmées pour ou contre la légalisation du cannabis, l’engagement collectif dans cette bataille semble, parfois, disproportionné par rapport à d’autres problèmes plus graves qui demandent également notre attention. Ainsi, il faut réfléchir sur ce qu’est réellement ce conflit. C’est une question de liberté contre le contrôle ; c’est à propos de l’utilisation de substances contre les avantages médicinaux ; c’est une question de pouvoir, de jugement et d’indépendance ; c’est une question de gagner ou de perdre ; c’est à propos de l’ego ; c’est à propos de la compassion ; c’est une question d’argent et de Mère Nature.
Presque tout argument a la possibilité de faire boule de neige. À tel point que même les principes et les objectifs élémentaires deviennent flous ou négligeables, ce qui entraîne la disparition complète d’autres causes légitimes qui méritent d’être examinées. Cette guerre semble inutile quand tant de citoyens ont clairement exprimé leur opinion pour la légalisation, à l’heure où des études ont prouvé à maintes reprises que les avantages de la légalisation du cannabis l’emportent largement sur les inconvénients.
Dissiper certaines idées fausses
Il serait peut-être idéaliste ou naïf d’espérer une sorte de juste milieu dans lequel les partisans et leurs opposants pourraient convenir que les propriétés médicinales du cannabis sont valables et utiles, et donc indispensables ; qu’il y a des avantages économiques à la légalisation ; que tous les consommateurs d’herbe ne sont pas des voyous irresponsables et violents ; que les pays ne sombreront pas s’ils la légalisent; que certaines rigidités ne feront que perpétuer cette campagne coûteuse et parfois immobile.
Par exemple, examinons certains progrès et échecs observés en 2014 :
- En janvier 2014, la vente de produits de cannabis récréatif est légalisée dans le Colorado : les premières ventes sanctionnées par la loi sur le cannabis récréatif sont autorisées ; la télévision et les paparazzis commentent largement cette étape importante.
- En février 2014, le Congrès autorise la culture du chanvre : un projet de loi agricole signé par le Président comprend une disposition autorisant les universités et les organismes d’État (dans les états où la culture du chanvre est autorisée) à mener des recherches sur la plante. En automne 2014, le Kentucky devient le lieu de la première récolte de chanvre légal depuis des décennies.
- En mars 2014, le correspondant médical en chef soutient le cannabis médical : le correspondant médical en chef de CNN, Sanjay Gupta, déclare qu’il soutient l’utilisation du cannabis médical après s’y être d’abord complètement opposé. Ce revirement, venant d’une personne de grande réputation, ajoute de la légitimité à l’argument en faveur de la légalisation du cannabis médical.
- En novembre 2014, la proposition de cannabis médical en Floride perd avec 58% des voix : bien que cette proposition ait obtenu plus que la simple majorité avec 58% des voix , elle n’a pas réussi à obtenir les 60% nécessaires pour passer. Un revers malheureux parmi toutes les autres victoires de cette année-là. Essaie de nouveau , Floride !
- En décembre 2014, l’Oklahoma et le Nebraska ont tenté de poursuivre le Colorado au sujet de la légalisation du cannabis : ces deux États argumentent que la loi sur le cannabis au Colorado contourne la loi fédérale de façon inconstitutionnelle et interfère avec la capacité du demandeur à respecter les propres lois de l’État. (Bonne exemple de la façon dont ce bras de fer peut être à la fois mineur et significatif.)
- En décembre 2014, les réserves amérindiennes sont libres de légaliser le cannabis : le ministère de la Justice des États-Unis annonce qu’il ne statuera plus sur le cannabis en ce qui concerne les réserves amérindiennes, même dans les cas où la loi de l’État interdit la substance. En d’autres termes, le gouvernement US va laisser les autorités tribales décider de ce qu’elles veulent faire à propos de l’usage du cannabis et de ses paramètres—à peu près la même chose que ce qui est autorisé pour les jeux d’argent.
- Décembre 2014, attitude mitigée du Congrès envers le mouvement pour le cannabis : la proposition de Budget interdirait aux responsables de l’application des lois l’utilisation de fonds fédéraux pour poursuivre des patients ou des dispensaires légaux dans les 32 états (y compris Washington, DC) qui sont passés à une certaine forme de légalisation du cannabis médical. Si elle est adoptée, cette loi représente une étape importante pour le mouvement. En même temps, la Chambre des représentants a choisi de passer outre une proposition d’empêcher DC d’utiliser des fonds pour promulguer la légalisation du cannabis. Environ 70% des électeurs de DC ont choisi de libéraliser les lois sur le produit, en légalisant la possession, la consommation et la culture de cannabis récréatif. Le congrès — qui contrôle budget de la capitale — a ainsi le pouvoir de contrecarrer les plans de DC.
La légalisation est en train de gagner le combat
D’autres États américains ayant légalisé ou décriminalisé la consommation de cannabis en 2014, cette année a été marquante. Il y a eu plus de progrès en faveur de la légalisation que d’échecs. C’est juste une goutte dans l’océan, un petit poids ajouté sur la bascule des dernières décennies sur la question. Soyons positifs, il existe de nombreuses situations où les « pouvoirs en place » (de types gouvernements, preneurs de décision) semblent être du bon côté : celui de la légalisation et de la décriminalisation, dans les limites du raisonnable.
Avec la poussée actuelle en faveur de la légalisation au niveau des États, les électeurs ont trouvé un moyen de contourner cette quête démodée de la prohibition — un mouvement archaïque qu’il devient chaque jour de plus en plus difficile d’expliquer ou de justifier… Et nous réussirons !