La question de savoir si le cannabis est une drogue qui améliore les performances soulève de nombreuses controverses. Les effets peuvent être bénéfiques pour les athlètes tout comme ils peuvent limiter leurs performances physiques. Alors, où situer le cannabis ? Est-ce un produit dopant ? Lis cet article pour le découvrir.
Au fur et à mesure que le cannabis se fait de plus en plus populaire dans le monde et que des pays s’engagent sur la voie de sa légalisation, la question de ses effets sur les athlètes professionnels est au cœur des débats dans le monde du sport. De nombreux sportifs l’utilisent pour des raisons diverses, et sa légalisation ne ferait qu’augmenter la tendance. Le cannabis affecte l’individu en de nombreuses façons, mais lesquels de ces effets tombent dans la catégorie des « produits dopants » ?
La façon dont le cannabis agit sur l’humeur et le bien-être général suggère qu’il pourrait être assez utile dans la vie d’un athlète. D’un autre côté, il a tendance à affecter les zones du cerveau responsables de l’agilité, ce qui n’est pas du tout un bon signe pour les performances sportives ! En raison de ces effets différents (et qui peuvent encore différer en fonction des individus), il est très difficile de se prononcer sur le caractère dopant du cannabis.
Notons que l’Agence Anti-Dopage Mondiale le classe dans sa liste des substances bannies. Chez les athlètes, les avis divergent : mais si on devait conclure qu’il gène la performance plutôt que de l’améliorer, il est encore moins logique de le considérer comme un produit dopant. Pour essayer d’y voir plus clair, nous allons plonger dans ce que dit la science sur les effets du cannabis sur le corps.
Les effets du cannabis sur le corps
Les principaux ingrédients du cannabis sont le THC et le CBD, même si la plante contient de nombreux autres cannabinoïdes en des quantités moindres. Nous nous concentrerons cependant sur ces deux-là. Ils pénètrent le corps de façon différente l’un de l’autre et n’affectent pas le corps de la même façon.
Si le THC est principalement responsable du high cérébral, ce cannabinoïde s’attache aux récepteurs du cerveau et influencent son activité. Les parties du cerveau généralement affectées sont celles qui gèrent la mémoire, la perception et l’attention. Aucune étude n’existe encore sur la façon dont cela est relié aux performances sportives, mais un peu d’observation empirique des gens défoncés suffit : le temps de réaction est plus long, la mémoire à court terme est affectée, ainsi que la coordination œil/main. Le THC réduit aussi l’attention, ce qui rend la concentration difficile.
Le CBD quant à lui affecte les processus métaboliques comme l’appétit, les fonctions immunitaire, la douleur et la réaction au stress. En fonction du type de cannabis utilisé, ces effets peuvent se révéler extrêmement bénéfiques pour un athlète. Le cannabinol (un autre cannabinoïde important) se colle à un certain récepteur cannabinoïde du cerveau qui gère les cellules immunitaires et augmente ainsi les défenses du corps.
Les différentes méthodes de consommation
Il faut insister sur les effets très divers qu’occasionnent les différentes méthodes de consommation pour les sportifs. La plupart des gens qui tiennent à leur santé préféreront des voies d’administration qui n’endommagent pas le corps, comme l’huile ou les gâteaux. En fumant du cannabis, on se fait plus de mal qu’en le mangeant !
Les scientifiques estiment qu’environ 50-60 % du THC et du CBD présents dans la plante finit dans le corps du consommateur. Le reste est perdu lors de la combustion. Au cours de ce processus, des substances cancérigènes sont également absorbées par les poumons, ce qui a une myriade d’effets néfastes pour les sportifs. Ce sera dur de trouver un athlète qui fume du cannabis pour ses effets thérapeutiques. Même si ceux-ci existent, la fumette est un trop gros risque pour un athlète. Le cannabis comestible est une option nettement préférable dans ce cas de figure.
Et la performance sportive dans tout ça ?
Donc, alors que certains athlètes utilisent le cannabis pour se maintenir à niveau, d’autres disent qu’une telle consommation aurait un effet délétère sur leurs performances. Qui a raison ? Quand on observe les différents effets du cannabis sur le corps et l’esprit, il apparaît que certaines de ses propriétés peuvent augmenter la performances tandis que d’autres peuvent vraiment affecter les processus neurologiques à l’œuvre dans le sport.
Le cannabis offre de nombreux bénéfices pour l’utilisateur, et le bien-être qu’il apporte peut contribuer à améliorer les performances sportives ou intellectuelles. Par exemple, certains athlètes utilisent le cannabis pour se relaxer entre les compétitions ou même entre les entraînements. Un athlète qui ne stresse pas est plus à même de supporter les longues heures d’entraînement et le stress de son statut de sportif, ce qui peut l’aider à être plus performant. Mais ce n’est pas exclusif au sport : le bonheur n’est jamais inutile, quelque soit l’action que l’on entreprend, et les propriétés relaxantes du cannabis sont utiles pour bien des activités.
D’un autre côté, le cannabis affecte des parties du cerveau qui peuvent vraiment limiter les performances d’un athlète professionnel. Un délai de réaction court et une bonne coordination œil/main sont indispensables quel que soit le sport, et si quelque chose entrave l’un ou l’autre, ce n’est pas bon signe…
Que faut-il conclure ? Que le cannabis n’est pas « dopant » au sens strict du terme. Il ne rendra pas un athlète plus puissant, plus rapide ou plus technique. A vrai dire, il vaut mieux ne pas en consommer juste avant un événement sportif de la moindre importance. Ceci étant dit, il existe des athlètes qui s’entraînent sous l’effet du cannabis car celui-ci les aide à se concentrer sur le moment présent. Entre les événements sportifs, il peut donc être un adjuvant tout à fait appréciable pour réduire le stress et augmenter les défenses immunitaires.
Le contrôle anti-dopage
Afin de pouvoir participer aux grandes compétitions, les athlètes doivent se soumettre à des contrôles anti-dopage fréquents. A l’heure actuelle le THC et le CBD font partie des substances bannies par l’Agence Anti-Dopage Mondiale, ce qui veut dire que leur détection entraîne la disqualification des concernés. Ce statut est l’objet d’une certaine controverse, puisque de nombreux athlètes estiment que le cannabis n’est pas un produit dopant et que cette classification n’est pas raisonnable.
En vérité, rien ne suggère que le cannabis a le moindre effet sur le corps qui le rende plus fort ou plus rapide, contrairement à des produits comme l’EPO ou les stéroïdes. L’effet sur la performance est plus corrélé au bien-être que le cannabis génère chez l’utilisateur : à ce compte-là, autant leur interdire les cheat-meals, le sexe ou les vitamines ! Il existe de nombreux produits explicitement dopant, et le cannabis ne semble pas en faire partie.
Les effets de la ganja vont bien au-delà du corps, mais se répercutent sur ce dernier. On pourrait dire qu’il s’agit d’une substance indirectement dopante. On peut espérer une évolution de la législation dans les années qui viennent.