Quand bien même le cannabis devient légal en de nombreux endroits, le marché noir existe toujours. Cela peut sembler étonnant et peu logique, mais nous allons voir dans cet article, avec l’Europe et les États-Unis comme exemples, pourquoi certains sont tentés de faire pousser illégalement même quand le cannabis est légal.
En matière de commerce du cannabis, on est fort étonné de constater que le marché noir continue de croître même dans les endroits où la plante devient légale. C’est pourtant le cas.
Cet article explore ce phénomène de prime abord inexplicable. Nous allons voir comment les deux marchés ont un impact l’un sur l’autre. Seule une légalisation du cannabis à l’échelle mondiale semble en mesure de mettre fin au marché noir, qui affecte de façon négative le marché légal.
L’exemple néerlandais
Avant de nous pencher sur les raisons qui peuvent pousser des individus à faire pousser illégalement dans un pays où le commerce du cannabis est légal, nous pouvons prendre le modèle néerlandais comme exemple.
Pendant longtemps, les coffee-shops étaient autorisés à vendre du cannabis aux Pays-Bas, mais les activités de culture commerciale restaient illégales. Les producteurs devaient respecter une limite quant au nombre de plantes qu’ils faisaient pousser, mais la demande étaient trop élevée pour être soutenue par leur capacité officielle de production.
Par conséquent, les cultivateurs se sont mis à produire à plus grande échelle de façon illégale, et les coffee-shops ont été forcés d’acheter leurs stocks auprès de criminels ou de produire illégalement leur propre cannabis.
Les choses ont récemment commencé à évoluer dans la bonne direction aux Pays-Bas, avec l’adoption par le gouvernement précédent d’un projet de loi visant à décriminaliser la culture du cannabis. Ce projet de loi n’a pas encore été adopté par la première chambre, mais le nouveau gouvernement a entre-temps accepté de faire une expérience sur la culture réglementée du cannabis.
Il est naturel de supposer que cela mettrait fin à la culture illégale. Mais ce n’est pas nécessairement vrai tant qu’une stabilisation de l’industrie mondiale du cannabis n’aura pas lieu. Comme nous pouvons le voir dans le modèle américain, la légalisation ne provoque pas toujours l’éradication du marché noir, car il existe toujours des facteurs incitant les producteurs illégaux à poursuivre leurs opérations..
Pourquoi voudrait-on faire pousser de façon illégale ?
Même aux États-Unis, où le cannabis est récemment devenu légale dans de nombreux États, la culture et la vente sur le marché noir continue d’affecter lourdement le marché légal.
Plusieurs raisons peuvent amener des individus et des organisations à cultiver du cannabis dans l’illégalité, mais le facteur le plus important est évidemment l’argent. La culture et la possession du cannabis restent illégales dans de nombreux États américains, et ceux qui vivent dans des États où ces choses sont légales peuvent gagner beaucoup d’argent en exportant leur production vers des endroits où ce n’est pas encore le cas, et où le prix du cannabis est beaucoup plus élevé. Il y a donc beaucoup d’argent à se faire.
Au niveau individuel, certains cultivent illégalement du cannabis par manque de patience, et ce n’est pas forcément sans justification. Dans les États où il est difficile d’obtenir du cannabis médical, la solution la plus simple et la plus rapide est encore de cultiver le sien. Mais cela ne contribue pas fortement au marché noir, car cette production reste réservée au cultivateur et à ses proches.
Pour le dire simplement, la culture illégale n’est pas si difficile, surtout dans les États où le cannabis est légal : c’est plus difficile de se faire prendre ! C’est le principe de « Je le fais parce que je le veux, et je le peux ».
L’impact de la culture illégale sur l’environnement
Chaque industrie est très préoccupée par l’argent, qu’il s’agisse de l’industrie du cannabis ou de celle de la mangue. Avec la culture légale de l’herbe, beaucoup d’argent et de recherche ont été investis dans la recherche d’une façon durable de se développer. Le cannabis légal est le résultat de décennies de recherche scientifique. Cependant, dans le cas d’opérations de culture illégales, l’environnement, la santé et la durabilité ne sont pas pris en compte.
Les opérations de culture illégales sont généralement axées sur la production rapide de grandes quantités de cannabis. Elles ont recours à des herbicides chimiques et à des pesticides, et le traitement du sol n’est pas une des priorités des cultivateurs.
En conséquence, les sols sur lesquelles ces opérations de culture se font deviennent complètement stériles. Au cours des dernières années, les médias ont beaucoup attiré l’attention sur l’impact environnemental des cultures illégales en Californie. La quantité de déchets créée par ces cultures est alarmante, ainsi que la quantité de produits chimiques utilisés.
On ne parle pas de quelques plantes qui pousseraient dans un placard mais d’opérations à grande échelle. Les exploitations dont nous parlons peuvent avoir un impact irréparable sur l’environnement.
Comment le marché noir affecte-t-il le marché légal ?
Un doctorat en économie n’est pas nécessaire pour comprendre comment le marché noir affecte le marché légal. Bien sûr, la vente illégale de cannabis mine complètement sa production légale.
Quand des criminels gagnent plus d’argent que des cultivateurs honnêtes, il y a un déséquilibre. Lorsque le marché noir rapporte plus que le marché légal, toute l’industrie souffre et devient financièrement insoutenable.
C’est un casse-tête pour les consommateurs, qui désirent juste un produit de haute qualité qu’ils puissent se permettre d’acheter. Dans les États ou les pays où le cannabis est illégal, la seule façon de satisfaire ce besoin est d’avoir un marché noir. Cela dit, il n’y a pas là de concurrence avec le marché légal.
Dans les États ou les pays où le cannabis a été décriminalisé sous une forme ou une autre, le marché noir a toujours tendance à surprendre le consommateur par le fait que les prix sont généralement plus bas, alors que la qualité est souvent semblable (mais pas réglementée). Cela est particulièrement vrai aux États-Unis où les lois diffèrent d’un État à l’autre.
Inévitablement, ce système crée une situation difficile pour les cultivateurs légaux, qui veulent investir dans le commerce propre mais ne voulent évidemment pas perdre face à un marché noir en pleine croissance.
Comment régler le problème ?
Cela peut sembler extrême, mais la réponse la plus simple est de légaliser le cannabis dans le monde entier. Le cannabis légal est généralement beaucoup moins cher que sa contrepartie illégale, et s’il était légal partout, il n’y aurait absolument pas besoin d’un marché noir.
Un marché noir n’existe que dans le but de vendre des produits illégaux, et si un marché noir persistait après la légalisation à l’échelle mondiale, il ne vaudrait pas vraiment la peine de s’en préoccuper. Tu as déjà un marché noir pour les tomates ?
Si le cannabis était facilement accessible à tous, personne ne prendrait le risque de le faire pousser illégalement.
Nous devons accepter qu’il existe une tendance humaine au « tabou »et que faire quelque chose d’illégal à un je ne sais quoi de séduisant. Cela signifie que même dans le cas d’une légalisation mondiale, il pourrait encore y avoir un marché noir pour le cannabis. Mais il serait sans intérêt, puisqu’un produit de qualité serait disponible en toute légalité.
De la même façon que les gens cultivent leurs propres tomates, parce que c’est amusant de cultiver ses propres légumes, certains cultivent du cannabis pour plaisir de le cultiver. En cultivant soi-même, on peut gérer et contrôler l’ensemble du processus et voir ses bébés croître de la graine à la récolte. C’est le genre de chose à même de faire disparaître un marché noir.
Donc, pour se débarrasser du marché noir, il faut faire en sorte qu’il n’ait pas de raison d’exister. Il semble que le seul moyen de le faire est de légaliser complètement le cannabis partout dans le monde. Seul le temps nous le dira !